Page 4 - Extrait - Le Meurtrier du Couvent
P. 4
– Oui, effectivement, nous traversons une terrible épreuve mais si vous saviez le
réconfort que votre présence nous apporte. Nous faisons partie de la même famille
spirituelle; il nous est rassurant d’avoir la protection de nos supérieurs.
Le prêtre était charmé par la délicatesse de cette belle femme distinguée. Il ne pouvait
s’empêcher de comparer son accueil avec celui d’une certaine Mère Provinciale...
– Ma Mère, je m’adresse à vous sachant que vous saurez parler à vos ouailles. Il
s’agit de leur faire part de mon désir de les confesser toutes aujourd’hui même.
– Toutes? ne put s’empêcher de répéter la religieuse.
– Oui ma Sœur, toutes, précisa le prêtre en la regardant droit dans les yeux, sauf la
Mère Provinciale bien sûr, ironisa-t-il.
La bienséance interdisait à la religieuse de dire le fond de sa pensée. Elle comprenait
très bien la ruse du prêtre : tenter d’obtenir des renseignements à travers le secret de
la confession. Elle jugeait le procédé quelque peu discutable, d’autant plus que
l’inviolabilité du sacrement de Pénitence leur avait toujours été enseignée comme
incontournable.
Le prêtre comprit les réticences de la Mère Supérieure. Il savait que c’était une façon
de faire qui pouvait être mal interprétée. Il voulut préciser :
– Écoutez, ma Sœur, je n’ai pas l’intention de violer la confidentialité du sacrement.
Il nous faut cependant tenter de prendre le pas sur les autorités civiles. Vous devez
comprendre qu’en cas de scandale, si nous ne pouvons intervenir à temps, l’Église
risque d’être éclaboussée, et nous aussi par la même occasion.