Page 5 - Extrait - Le Meurtrier du Couvent
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– Je comprends votre point de vue, Monsieur le Chanoine, et je vous fais entièrement
confiance. Il ne me sera pas difficile de tout organiser selon votre bon plaisir. Le
prétexte est tout trouvé : le premier vendredi du mois tombe cette semaine, et comme
nous accordons toujours une attention particulière à bien préparer nos âmes pour
cette occasion une bonne confession est tout indiquée, n’est-ce pas?
– Comme c’est agréable de travailler avec vous ma Mère! Vous comprenez si bien les
choses...
Mère Marie Des-Saints-Anges rougit de plaisir. Elle était peu habituée aux
compliments. Un peu confuse de son laisser-aller, elle s’excusa et sortit comme une
petite fille. Le chanoine songea en lui-même : « Je crois que je viens de me faire une
alliée. Cela ne sera pas de trop pour faire face à la terrible Mère Provinciale. » Il ne se
trompait pas. Mère de la Purification surveillait avec impatience le retour de la Mère
Supérieure :
– Pourquoi voulait-il vous rencontrer? s’empressa-t-elle de demander.
– Il veut entendre tout le monde en confession, répondit la religieuse un peu mal à
l’aise.
– Et qu’est-ce que vous avez répondu?
– Avais-je le choix? Je ne pouvais d’aucune façon m’opposer à l’émissaire de son
Excellence. De toute façon, il ne me demandait pas la permission; il me mettait devant
le fait d’une décision déjà prise.