Page 6 - Extrait - Le Meurtrier du Couvent
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– Naturellement, il fallait s’y attendre. Ces hommes-là, comme tous les autres d’ailleurs,
dès qu’ils mettent le pied dans une maison ils prennent les rennes de l’autorité. De gré
ou de force! Personnellement je me serais opposée avec la dernière énergie à ce que
cette personne se serve du secret de la confession pour tenter de mener sa petite
enquête, conclut la femme avec la plus grande conviction. Mais vous, avec votre
soumission devant la gent masculine, vous avez cédé comme toujours, lui dit Mère
Provinciale, sur un ton de reproche.
Mère Marie Des-Saints-Anges ne voulut pas relever la réprimande de sa supérieure.
Elle savait qu’elle avait eu raison, que c’était la meilleure décision à prendre. Après
tout, c’était elle qui aurait à vivre avec Monseigneur l’Évêque après le départ de la
Mère Provinciale qui continuerait, elle, à se promener d’un endroit à l’autre, toujours
reçue comme une reine. Elle comprenait aussi qu’une bonne part de la mauvaise
humeur de Mère de la Purification venait du fait qu’elle n’avait pas eu tous les
honneurs qui normalement devaient lui être rendus à chacune de ses visites dans les
diverses maisons sous sa gouverne. « La morte a pris toute la place cette fois-ci »,
pensa Mère Des-Saints-Anges.
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Le prêtre avait revêtu le surplis et l’étole du sacrement, et il s’était assis dans le
confessionnal. C’était un petit habitacle en bois, comprenant des divisions pouvant
recevoir trois personnes en même temps. La partie du centre avait une porte située à
l’avant et était destinée au prêtre. Les pénitents, eux, pouvaient s’enfuir par une porte
située de chaque côté. Deux petites ouvertures coulissantes permettaient au prêtre
d’entendre en confession le sujet de son choix, à droite ou à gauche. Un grillage